Au Panama, l’eau mène à l’autonomie

 

Jusqu’à récemment, les habitants de Bisira ne pouvaient se procurer de l’eau que de deux façons – en captant l’eau de pluie ou en s’abreuvant dans la rivière Cricamola sur les berges de laquelle ils résident. Dans cette région au nord-ouest du Panama, 70 % des personnes n’ont accès ni à l’eau potable ni aux structures sanitaires.

Au-delà des problèmes logistiques que cela pose, le manque d’eau salubre et de structures sanitaires présente un risque pour la santé en raison des diarrhées, d’autres maladies gastro-intestinales et dermatologiques qu’il peut causer. La mortalité infantile dans cette région, où la plupart des populations autochtones habitent, est pratiquement 2,5 fois supérieure à la moyenne nationale.

Mais ces trois dernières années, Bisira et les villages voisins ont modifié cette situation grâce à un programme conjoint des Nations Unies appuyé par le F-OMD qui se concentre à la fois sur l’amélioration des infrastructures et sur le renforcement des capacités des villageois à organiser et gérer leurs propres circuits d’eau et systèmes d’assainissement.

“Notre tâche consiste à garantir que les communautés aient de l’eau, et qu’elles paient également leurs cotisations,” déclare Elena Mixila Castillo, présidente du Conseil administratif des aqueducs ruraux (JAAR) à Bisira. « Nous sommes responsables de l’administration, du fonctionnement et de l’entretien du système. »

Encourager la gestion locale de l’eau

Quatre-vingt-dix pour cent des populations autochtones de la région Ngobe-Buglé, où le programme d’approvisionnement d’eau a été mis en place, vivent dans une pauvreté extrême. Leur dispersion, leur mobilité et leur emplacement dans des zones éloignées et inaccessibles rendent les solutions traditionnelles d’assainissement trop coûteuses, limitent les investissements et la participation privée. Le but du programme conjoint est de permettre aux populations rurales et autochtones de gérer par elles-mêmes leurs propres ressources aquatiques, améliorant ainsi la qualité de, et l’accès à l’eau des services publics et aux services d’assainissement.

Mme Castillo, présidente du JAAR et Carmen Villagra, trésorière du JAAR déclarent qu’avant le lancement du programme conjoint, le Conseil était mal organisé et ne servait pas de porte-parole efficace aux résidents de Bisira. Mais elles ajoutent qu’actuellement, il a non seulement organisé et formé les villageois à la gestion et à l’entretien de l’eau, mais qu’il a également réduit les défauts de paiement et a multiplié par huit le montant des cotisations. Désormais, le Conseil de Bisira se réunit régulièrement avec les JAAR de Kankinu et Sirain, deux communautés voisines qui partagent le même aqueduc.

« Nous sommes élus pour deux ans par des hommes et des femmes qui ont réglé leurs factures d’eau. Ceux qui ne payent pas n’ont droit ni à la parole, ni au vote lors de l’assemblée », déclare Villagra.

La parole et le vote

Ce modèle de développement communautaire, qui consiste à fournir  des équipements aux groupes administratifs locaux, est à la base du succès du programme conjoint, et fait partie des efforts déployés par le F-OMD pour aider les pays à travers le monde à atteindre les Objectifs de lutte contre la pauvreté du Millénaire pour le Développement. Les activités du F-OMD visent essentiellement à réduire les inégalités et à améliorer les conditions de vie des populations les plus marginalisées, notamment celles des populations indigènes, des femmes et des jeunes.

Au Panama, le F-OMD a contribué à amplifier les voix des femmes dans les communautés de la région de Ngobe-Buglé. Castillo et Villagra affirment que les femmes jouaient auparavant un rôle beaucoup plus passif dans leur communauté, mais qu’à l’heure actuelle, elles savent que les femmes ont les mêmes droits que les hommes, grâce à la formation à la parité dispensée par le programme. Elles se sentent donc maintenant capables de diriger et de participer pleinement aux décisions qui les touchent directement.

Le F-OMD autonomise également les jeunes personnes en leur apprenant à réparer et entretenir les aqueducs et les systèmes d’assainissement; un grand nombre d’entre eux ont utilisé ces compétences pour devenir des entrepreneurs locaux.

Renforcer l’équité et autonomiser les communautés

« Renforcer l’équité en termes d’accès à l’eau potable et à des services sanitaires sûrs en autonomisant les citoyens et les groupes autochtones exclus dans les zones rurales » est l’un des quatre programmes conjoints des Nations Unies financés par le F-OMD pour soutenir les efforts des autorités nationales, locales et traditionnelles du Panama visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Les cibles de l’initiative OMD 7 – garantir la durabilité de l’environnement – et l’objectif spécifique de réduire de moitié d’ici à 2015 la proportion de personnes n’ayant pas un accès durable à de l’eau potable saine et à des équipements sanitaires de base.

À ce jour, neuf communautés au Panama ont participé à la conception et à la construction des infrastructures d’adduction d’eau et ont désormais accès à de l’eau potable salubre. Les comités de gestion de l’eau dans neuf communautés autochtones ont été renforcés, formés et dotés d’équipements techniques, et sont maintenant capables d’entretenir et de garantir la durabilité de l’infrastructure du système.

Le programme conjoint est une collaboration entre trois organismes des Nations Unies (OPS, UNICEF et OIT) et le ministère de la Santé du Panama, le ministère de l’Économie et des Finances, les autorités communautaires et les communautés du territoire autochtone de Ngobe-Buglé.

 

 

 

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