Le F-OMD aide à préserver une tradition musicale au Mozambique

 

Cheny Wa Gune ne se rappelle plus à quel âge il a commencé à jouer du mbila (singulier de timbila), une sorte de xylophone. « Il était simplement là en permanence, une partie toujours présente de mon enfance », se souvient-il. Wa Gune appartient à la tribu Chopi du Mozambique. Il vient de la ville de Zavala, le berceau de la tradition timbila des Chopi, une expression culturelle unique inscrite par l’UNESCO sur sa Liste du patrimoine oral et immatériel de l’humanité.


Les orchestres des Chopi sont traditionnellement composés d’un nombre variable de timbila de tailles différentes. Wa Gune a, lui, l’habitude de jouer en solo, avec un simple accompagnement, qui permet d’apprécier la richesse et la profondeur tonales de son instrument. En tant que chef du quatuor Wa Gune, dont le premier CD vient de sortir, il interprète sur son mbila des morceaux variés, influencés aussi bien par la musique contemporaine que par la vie dans sa ville.


« Il est notre symbole et notre identité, et il pourrait peut-être nous mener loin », dit-il du mbila et de son importance pour la culture mozambicaine.


Aujourd’hui, la tradition des timbila est menacée. Un des matériaux essentiels utilisés dans leur fabrication est le bois du mwendje. À cause de la déforestation et du défrichage nécessaire aux cultures de rente, cet arbre est devenu quasiment impossible à trouver à Zavala. Navré, Wa Gune explique que les joueurs de timbila doivent maintenant accomplir de longs trajets pour trouver le bois du mwendje et payer très cher pour l’amener à Zavala. Résultat : de moins en moins de gens jouent du mbila.


Aujourd’hui, un programme conjoint des Nations Unies financé par le F-OMD aide à sauvegarder la tradition des timbila en créant des pépinières communautaires destinées à réintroduire le mwendje à Zavala et à le préserver pour les générations futures (le mwendje est une espèce à croissance lente, qui a besoin de 50 à 60 ans pour arriver à maturité). Ce programme implique les producteurs et les musiciens dans la récolte des semences, afin de garder en vie une tradition unique qui fait de Zavala une destination du tourisme culturel.


Le programme sensibilise la communauté à l’importance d’investir à long terme dans le mwendje, une essence essentielle pour la culture, qui peut sans problème cohabiter avec d’autres espèces génératrices de revenus. Avec le temps, il apportera à la région des avantages culturels et commerciaux. Pour des musiciens comme Wa Gune, cet investissement est crucial : « Il faut des gens courageux pour changer la situation… C’est notre patrimoine et nous devons le protéger… sinon, nous regretterons un jour d’avoir perdu cette tradition. »


« J’ai une véritable passion pour cet instrument et en vérité, je me sens responsable de continuer à faire vivre les timbila au sein de ma génération, d’inspirer d’autres gens et de les initier au bonheur de cet instrument », explique Wa Gune, qui lui-même a été formé et encouragé par son oncle, un maître du mbila.


Le Programme conjoint en faveur des industries culturelles et créatives et des politiques inclusives au Mozambique rassemble six agences de l’ONU (UNESCO, CCI, OIT, FAO, HCR, FNUAP) et neuf ministères mozambicains.

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