Lire, écrire et cultiver la terre
Des enfants de Guinée-Bissau comme Awa Sila, 11 ans, grandissent dans des circonstances difficiles. Un tiers des enfants de moins de cinq ans dans son pays souffre d'un retard de croissance modéré à sévère, et 19 % d’entre eux ont un poids insuffisant. Plus d'un sur dix meurt avant l'âge de cinq ans.
Awa et ses camarades de classe à l'école Dandum, dans un endroit isolé du sud-est de la Guinée-Bissau, prennent part à un nouveau projet visant à réduire la malnutrition et la mortalité chez l'enfant. Grâce à un programme financé par le F-OMD, des milliers d'enfants dans les parties les plus vulnérables du pays reçoivent des leçons pratiques en matière de bonne nutrition : on leur apprend comment cultiver des jardins scolaires et récolter les fruits de leur travail.
« Tous les enfants de mon village peuvent manger les différents légumes que nous plantons», dit Awa dont l'école fait partie des 150 où des jardins ont été plantés et où les enfants apprennent l'importance d’une alimentation saine et variée.
Motivée par ce qu'elle a appris, Awa a décidé de partager ses connaissances avec sa famille et a persuadé sa mère, Siraboi Camara, de commencer un jardin potager.
« Tout ce que j'ai appris dans notre jardin scolaire, je l'ai mis en pratique dans notre jardin potager familial », explique Awa. Siraboi a commencé à apprendre aux autres parents comment cultiver un jardin. Les produits du jardin potager aident non seulement la famille, mais aussi les voisins.
Enseigner la nutrition à l'école
Les jardins scolaires font partie d'un programme conjoint des Nations Unies qui a pour objectif de réduire la malnutrition et la mortalité des enfants en Guinée-Bissau en améliorant la capacité de ce pays à surveiller et à traiter la malnutrition, et en encourageant une meilleure nutrition et de bonnes habitudes alimentaires grâce à l'initiative des jardins scolaires, des repas scolaires et la distribution de matériel éducatif.
Le programme conjoint fournit aux écoles, comme celle de Dandum, des semences, des outils de jardinage et une formation en agriculture pour les enseignants, les parents et la communauté de l'école. Les enseignants, le cuisinier de l'école et les parents reçoivent également une formation en matière de gestion du jardin scolaire et sur les questions de nutrition de base.
Le programme forme également des professionnels de la santé au niveau local pour les aider à identifier et à traiter la malnutrition, et aide les journalistes à produire des messages radio visant à promouvoir la nutrition. Ces messages seront directement diffusés dans les villages. En plus d'une formation technique, le programme conjoint fournit aux journalistes de l'équipement radio et des motocyclettes pour leur aider à accéder à des endroits éloignés tels que le village d’Awa Sila dans le secteur de Boé.
Le directeur de l'école d’Awa, Bacar Baldé, explique que la participation de la communauté, en particulier des familles des élèves, a été essentielle pour le succès du jardin scolaire. En 2011, l'école de Dandum a produit plus de 100 kg de tomates, ainsi que des salades, des oignons, des poivrons, du gombo et d'autres légumes. Plus important encore, dit Baldé, le jardin permet de faire évoluer les habitudes et les comportements alimentaires.
« Le revenu de la vente des oignons a atteint 200 000 CFA (400 USD), et ce n'est que le début de la saison des ventes !, explique-t-il. Le revenu est géré par les femmes du village et va être réinvesti dans le jardin scolaire ».
Pendant ce temps, l'expérience d’Awa Sila a été un tel succès qu'elle a été reproduite sous la forme d'une affiche tout en couleurs en anglais et en portugais qui a été distribuée dans des écoles desservant 25 000 enfants. Le programme a également créé une pyramide alimentaire, imprimée en portugais sous un format carte postale comme pour les tables de multiplication, qui peut servir de référence pour apprendre de façon facile aux enfants des écoles les principes d’une bonne nutrition.
« Aujourd’hui, je comprends l'importance de manger tous les légumes que nous plantons, raconte Awa. Pour rester en bonne santé, nous devons manger chaque jour des aliments appartenant aux trois groupes de nourriture ».
Atteindre les populations les plus vulnérables
Le programme conjoint «Promotion d’une approche multi-niveau de la malnutrition infantile » financé par le Fonds-OMD est le fruit d'une collaboration entre le gouvernement de la Guinée-Bissau, l'ONG Caritas et quatre agences des Nations Unies (PAM, OMS, UNICEF et la FAO). Son objectif est de renforcer les capacités du pays à réduire la malnutrition et la mortalité infantiles, en se concentrant sur trois des régions les plus vulnérables en termes de malnutrition et de taux de mortalité infantiles.
Le programme s'inscrit dans l'effort déployé par le F-OMD pour aider des pays comme la Guinée-Bissau à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, y compris la réduction de la pauvreté et l'amélioration de la santé infantile et maternelle, en mettant un accent particulier sur les populations les plus vulnérables et les plus désavantagées.
À la fin de ce programme conjoint s’étalant sur une période de trois ans, au moins 25000 enfants scolarisés dans 150 communautés auront reçu une aide à travers le programme grâce à des activités de jardin scolaire, et 30 000 familles auront appris les principes d’une bonne nutrition et des pratiques alimentaires qui permettront de prévenir la malnutrition.