Construire le futur des jeunes en Tunisie

 

Depuis qu’elle était une jeune étudiante en design, Najet Salem, a toujours rêvé de deux choses : faire revivre l’antique tradition du tissage des tapis et autonomiser les artisanes de sa ville natale, Gafsa, dans le sud-ouest de la Tunisie.

« Dès ma jeunesse, j’ai été fascinée par le tissage et j’ai senti à quel point de nombreuses femmes qui perpétuaient cette tradition manquaient de soutien », déclare cette jeune femme d’affaires de 25 ans qui a réussi. « Cela me brisait le cœur de voir la grande différence de qualité entre les produits de villes telles qu’Ouedhrif ou Kairouan,  et les célèbres tapis Mergoum de Gafsa, » dit-elle en parlant de ces derniers.

Salem nous explique que les artisans locaux perdaient leur savoir-faire, et que des producteurs incompétents ternissaient l’éclat traditionnel des tapis Mergoum, dont la brillance unique des couleurs et les motifs géométriques rappellent l’art des Berbères et des Romains.

À l’époque où elle était encore étudiante, Najet qui avait commencé à travailler avec des artisans locaux pour produire des tapis fut invitée à participer à un programme de formation appuyé par le Fonds-OMD dont le but était d’améliorer les compétences entrepreneuriales des jeunes tunisiens.

Formation à la création d’entreprises

« Pour moi, il était très important de restaurer la valeur de ces produits locaux et de faire revivre le savoir-faire qui autrefois florissait dans cette région », dit-elle. « Une meilleure éducation m’a permis de mieux faire. »

La formation fait partie des activités du Fonds-OMD visant à réduire le chômage et la migration parmi tous les jeunes tunisiens, dont un tiers est sans emploi. Le programme qui est basé dans trois régions où les perspectives d’emploi sont les pires et où les risques de migration illégale sont élevés, cible les jeunes les plus pauvres et ceux qui ont le moins de chance de trouver du travail (à la fois des jeunes diplômés de l’université et des jeunes sans qualifications), en accordant une attention particulière aux jeunes femmes qui sont victimes de discrimination fondée sur le sexe.

La formation a aidé Najet à mettre au point un plan commercial pour ses artisans qui travaillent de chez eux sur des dessins qu’elle élabore en s’inspirant de motifs traditionnels. Najet anticipe le paiement d’une partie du coût des tapis et règle le montant restant lorsque le produit fini est livré. La formation l’a également aidée à construire des réseaux et à présenter ses produits dans le cadre de foires commerciales.

Najet emploie à l’heure actuelle 75 artisans et espère accroître le volume de sa production. Elle a participé récemment à un stage de deux mois en Chine pour apprendre de nouvelles technologies de fabrication des tapis, et fournit maintenant des tapis sur mesure qu’elle dessine sur son ordinateur en se conformant aux exigences de ses clients.

Investir dans le futur des femmes

Mais cette jeune entrepreneure est particulièrement fière d’avoir augmenté les revenus et d’avoir autonomisé ses tisserandes, dont certaines vivent dans des hameaux très éloignés.

« Le travail des femmes de la région n’a jamais été reconnu. En fait, elles n’avaient jamais vraiment développé un esprit d’entreprise. Elles avaient besoin d’un catalyseur pour rationaliser la production, répondre à leur marché, le consolider, et innover de façon créative, » déclare Najet qui se prépare à enregistrer ses artisans à la Sécurité sociale.

« Dans notre région, l’idée que les femmes puissent prendre leur destin en main, en créant leurs propres projets et en s’y consacrant, est inconcevable. C’est un défi à l’ordre établi qui dicte que c’est toujours l’homme de la famille qui joue ce rôle. »

Najet qui enseigne également à l’université locale, reconnaît que ce sont les réseaux solides qu’elle a tissés avec le soutien du F-OMD, qui ont aidé sa compagnie à s’implanter dans le marché, où une entreprise commerciale dirigée par une femme était à l’origine considérée avec suspicion.

« Je pense qu’avec ces femmes nous sommes en train de changer les règles, » affirme-t-elle. « Le type de formation que nous fournissent les agences des Nations Unies nous offre les outils dont nous avons besoin pour progresser sur des bases solides. [Maintenant] c’est à nous de nous efforcer de modifier les attitudes et la culture dominante de la région. »

Réduire le chômage et la migration

Le programme conjoint « Encourager les jeunes tunisiens à contribuer à la réalisation des OMD » est une collaboration entre cinq organisations des Nations Unies (OIT, FAO, OIM, ONUDI, PNUD) et le gouvernement tunisien dans le but d’améliorer les perspectives professionnelles des jeunes et de réduire le risque de migration illégale. Il cible les jeunes diplômés universitaires sans emploi et les jeunes non qualifiés sans emploi dans les gouvernorats de Le Kef, Gafsa et le Grand Tunis, en accordant une attention particulière aux jeunes femmes.

Le programme fait partie des activités du Fonds-OMD qui aident les gouvernements dans le monde à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement consistant à lutter contre la pauvreté et à améliorer les moyens d’existence. Cette initiative s’inscrivant dans le cadre de l’un des 130 programmes conjoints F-OMD dans 50 pays, cible l’OMD-1, à savoir éliminer la faim et la pauvreté extrêmes.

 

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