Des titres de propriété et de la patience rétablissent la paix dans un village du Chiapas

 

 

La construction de la paix et la prévention des conflits sont des processus qui exigent continuité et engagement : ce ne sont pas les habitants de la petite communauté de San José el Bascán, au sud du Mexique, qui diront le contraire.

Après 17 années de tensions et de conflits autour de la propriété des terres, les villageois ont réussi à forger un accord, à laisser leurs différends derrière eux et à commencer à vivre en paix, grâce à un processus de dialogue mené par les Nations Unies par l’intermédiaire du F-OMD.

En 1995, vingt familles fondaient San José el Bascán, dans l’État troublé du Chiapas. Elles avaient quitté une communauté voisine en proie à une vague de violence déclenchée par l’apparition de groupes paramilitaires progouvernementaux et l’assassinat de quatre partisans de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) adepte de la révolution.

« Nous sommes partis pour éviter d’autres morts. Nous avons abandonné nos foyers, nos biens, notre bétail et nos volailles. Après de nombreuses attaques, nous avons décidé de nous en aller, parce que notre communauté d’origine nous avait déplacés et ensuite oubliés », raconte un villageois. Il explique comment le groupe des 20 familles a d’abord été installé dans un petit hameau avant d’être à nouveau déplacé et de finalement s’établir à San José el Bascán.

La pauvreté alimentée par le conflit

Cette histoire est courante au Chiapas, où un conflit armé a éclaté en 1994 entre le gouvernement mexicain et les Zapatistes. Il a divisé les communautés, répandu la violence et généralisé la marginalisation et l’exclusion. Les familles rurales déplacées, comme celles de San José el Bascán, sont les victimes oubliées du conflit. Beaucoup vivent encore dans la pauvreté et l’isolement.

À la fin des années 90, la nouvelle communauté de San José el Bascán a été une nouvelle fois déchirée par un conflit lorsque treize des familles d’origine ont rompu leur allégeance vis-à-vis de l’EZLN et apporté leur appui à l’organisation locale Kichán Kichañob. Celle-ci – les « Frères cousins » en Ch’ol, la langue indigène – plaide pour la réconciliation entre les familles autochtones.

Sur fond d’affrontements politiques, des tensions liées aux droits fonciers sont venues aggraver la situation. Malgré un accord négocié entre les deux camps par le gouvernement en 2007, les menaces et l’intimidation ont continué. « La véritable cause du problème était la pauvreté et le manque d’attention des autorités gouvernementales », fait remarquer Pedro Lopez, leader régional de Kichán Kichañob.

Le Chiapas est l’État le plus pauvre du Mexique, la grande majorité de sa population y vit au niveau du seuil de pauvreté ou même en dessous. Parmi les habitants de San José el Bascán, 70 % n’ont pas terminé l’école primaire et 30 % sont totalement illettrés. Le village est dépourvu des services les plus élémentaires : l’électricité, l’eau potable et l’assainissement y font défaut, et beaucoup des maisons ont des sols en terre battue et des foyers ouverts sans cheminée. Malgré cela, tout le monde était d’accord pour reconnaître que la première priorité était d’instaurer la stabilité en garantissant les droits sur les terres.

La médiation des litiges fonciers

Le programme des Nations Unies financé par le F-OMD a commencé à travailler avec la communauté en 2010. Dans le but de faire naître la compréhension, il a animé pendant deux ans des tables rondes entre le gouvernement, les défenseurs des peuples autochtones et les organisations locales de base. Ces discussions ont finalement abouti au règlement du différend relatif à la propriété des terres.

Le programme s’est aussi attaqué à l’une des causes structurelles du conflit en mettant l’accent sur les conditions de vie et le tissu social du village. Les sols des maisons des villageois ont été améliorés et des poêles à bois performants ont été installés. Pour renforcer les liens au sein de la communauté, des projets de construction et de production ont été lancés et des évènements sportifs organisés.

« Je ne respire plus de fumée dans la cuisine, celle-ci est propre et les enfants sont en bonne santé. Les Nations Unies cherchent à instaurer une culture de paix », constate un villageois, qui a récemment participé à une réflexion collective de la communauté. Au cours de celle-ci, la plupart des participants sont tombés d’accord sur le fait que posséder de la terre et avoir de nouvelles infrastructures leur permettait de vivre dignement et en paix.

« Ils nous ont écoutés et ont entendu nos besoins. Sans l’aide du programme, les besoins de ces familles seraient toujours insatisfaits », explique Jeronimo Alvaro Arcos, le représentant de Kichán Kichañob à San José el Bascán.

Renforcer les droits des groupes vulnérables

Le programme « Prévention des conflits, élaboration d’accords et construction de la paix pour les personnes du Chiapas déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) » est mis en œuvre par quatre agences des Nations Unies (PNUD, UNESCO, UNICEF et ONUDC), en collaboration avec les autorités nationales et locales et des groupes de la société civile.

Avec 24 communautés de personnes déplacées par le conflit entre l’État mexicain et les Zapatistes, il travaille à réduire les conflits et les tensions et à promouvoir des solutions durables mettant principalement l’accent sur la réduction de la pauvreté et la promotion des droits des groupes vulnérables.

Ce programme fait partie du travail du Fonds pour la réalisation des OMD visant à diminuer les inégalités et à aider, partout dans le monde, les gouvernements à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement de réduction de la pauvreté et d’amélioration des conditions de vie. 

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