Au Viet Nam, la pratique de l’allaitement se répand rapidement grâce au F-OMD
Par Andy Brown
Nguyen Anh Dao, a 24 ans et allaite sa fille de quatre mois chez elle dans la province d’An Giang au sud du Viet Nam. Le bébé est robuste et en bonne santé et peut déjà se tenir debout sur les genoux de sa mère. « J’ai commencé à allaiter dans le centre de soins où j’ai accouché, » déclare Dao. « Ensuite, l’agent de santé du village m’a parlé du lait maternel. Elle m’a dit qu’il contient de bons nutriments et que c’est ce qu’il y a de mieux pour la santé de l’enfant. »
Dao est l’une des nombreuses mères que l’on encourage à allaiter à travers un programme F-OMD qui vise à améliorer la nutrition au Viet Nam. Si le Viet Nam a sensiblement réduit au cours des trente dernières années les taux de malnutrition des moins de cinq ans, et s’il est cité pour ses bonnes performances dans le Rapport 2013 du PNUD sur le Développement humain, la malnutrition demeure néanmoins une priorité de la santé publique. Un tiers des enfants vietnamiens de moins de cinq ans souffrent de retards de croissance – ou sont trop petits pour leur âge – et un tiers d’entre eux sont anémiques.
Il a été scientifiquement prouvé que l’allaitement exclusivement au sein dès la naissance peut contribuer à réduire la mortalité des nouveaux nés et les retards de croissance. Mais, certaines nouvelles mères qui allaitent au Viet Nam font face à la réticence des grands-mères qui préfèrent des méthodes traditionnelles consistant à mélanger de l’eau à du sucre et à de la poudre de riz. D’autres mères doivent reprendre leur travail dans les champs et arrêter d’allaiter exclusivement au sein avant les six premiers mois recommandés.
Delta du Mékong
Binh Thanh Dong qui est la commune où vit Dao, se situe dans la région du delta du Mékong au sud du Viet Nam, une zone rurale avec de vastes rizières vertes où la plupart des gens cultivent le riz. Ici, et dans cinq autres provinces, le F-OMD s’efforce de faire baisser les taux de malnutrition parmi les plus vulnérables, en se concentrant sur la réduction des retards de croissance et sur la lutte contre la malnutrition infantile dans le futur.
Dans un centre communautaire près de chez Dao, un groupe de mères se retrouve à l’occasion d’une session de groupe sur l’allaitement maternel, où Nguyen Thi Tuyet Phung, un collaborateur local, commence par vérifier ce qui a été retenu de la précédente réunion. Puis les mères parlent de leurs difficultés. L’une d’elles a des mamelons douloureux après avoir allaité. Une autre s’interroge sur le fait que l’enfant de l’une de ses amies qui est nourri avec des préparations pour nourrissons, est plus grand que le sien. Une infirmière d’un centre de soins voisin répond à leurs questions. « Ne vous en faites pas si votre bébé n’est pas aussi grand que celui de votre amie, » dit-elle, « Ce qui compte, c’est qu’il soit en bonne santé. »
Modifier les pratiques d’allaitement
Le groupe de soutien communautaire et le centre de soins local sont soutenus par l’UNICEF qui met en œuvre le Programme conjoint en partenariat avec la FAO, l’OMS et le gouvernement vietnamien. Depuis le début du programme en 2010, le taux d’allaitement exclusif dans la commune de Binh Thanh Dong est passé de 0,5 pour cent à 27,9 pour cent.
Un des buts du programme est de modifier le comportement des mères dans les petits villages. « C’est très difficile, » déclare Nguyen Dinh Quang, spécialiste de l’allaitement. « De nombreux facteurs influencent les comportements et nous ne pouvons nous rendre dans tous les villages. C’est pour cela que nous travaillons avec le centre de soins pour créer des groupes de soutien communautaires. Les collaboratrices apprennent les meilleures pratiques et les partagent avec d’autres mères. »
Le plaidoyer politique du Programme conjoint a également permis de faire adopter par l’Assemblée nationale deux lois interdisant la publicité pour les préparations pour nourrissons de moins de deux ans, et de donner aux nouvelles mères le droit à un congé de maternité de six mois, afin qu’elles puissent allaiter exclusivement pendant la période recommandée. « C’est un grand pas en avant au Viet Nam, » affirme Quang.
Enseigner par l’exemple
En proximité, à l’hôpital du District de PhuTan, Dang Thi Thao, une rizicultrice de 25 ans allaite son second enfant sous la supervision de l’obstétricienne en chef qui lui donne des conseils sur la façon de tenir l’enfant et de savoir quand elle est repue. « J’ai allaité mes deux enfants, » dit Thao. « Cela me rend heureuse et satisfaite. »
L’hôpital où accouchent près de 90 pour cent des femmes du district est un point de départ crucial. C’est là qu’a été mise au point une réglementation composée de dix étapes pour un allaitement efficace. Par exemple, les agents sanitaires doivent aider chaque mère à allaiter dans l’heure qui suit la naissance.
Dans les communautés cibles, les mères qui allaitent apprennent par l’exemple. Nguyen Thi Tuyet Phung, la collaboratrice villageoise de 29 ans a été invitée par le personnel du centre de soins à participer au programme à titre bénévole. « J’ai participé à des sessions de formation sur l’allaitement, » dit-elle. « Cela m’a beaucoup plus. Ce que j’y ai appris me sert à moi et à ma famille. Je peux maintenant partager mes connaissances avec d’autres personnes du village et ils me croient, car ils savent que je travaille avec le centre de soins. Mon fils est en très bonne santé et je le montre comme exemple. »
Améliorer la nutrition pour atteindre les OMD
Le Programme conjoint sur les Stratégies intégrées de nutrition et de sécurité alimentaire pour les enfants et les groupes vulnérables au Viet Nam fait partie des efforts du Fonds-OMD visant à aider les gouvernements à travers le monde à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, en s’efforçant d’atteindre plus particulièrement les populations les plus marginalisées. Le Programme au Viet Nam vise spécifiquement l’OMD 1 sur l’éradication de la pauvreté et de la faim, l’OMD 4 sur la réduction de la mortalité des nouveau-nés et des enfants de moins de cinq ans, et l’OMD 5 sur la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelle.
Par le biais du Programme conjoint, les Nations Unies concentrent leurs activités à la fois aux niveaux national et provincial, et ciblent plusieurs provinces, notamment Cao Bằng, Điện Biên, Đắk Lắk, Kon Tum, NinhThuận et An Giang. Ces provinces ont été choisies sur la base de leurs taux élevés de retards de croissance, de la présence d’activités corrélées et sur la base de la capacité des agences sur le terrain à mettre en œuvre les activités du programme.
Photo : © UNICEF Viet Nam/2013/Truong Viet Hung