Combattre la stigmatisation liée au VIH au Bangladesh
Lorsque le mari d’Usima Marma lui a transmis le VIH et que le couple a révélé son statut sanitaire, ils se sont trouvés rejetés par leur communauté dans le sud-est du Bangladesh. Devenue veuve il y a quelques années, Usima raconte qu’elle était devenue la risée du village et qu’elle avait le plus grand mal à subvenir à ses besoins et à ceux de son fils, âgé de sept ans.
« Lorsque la nouvelle s’est répandue, cela a compliqué notre vie, nous nous sommes retrouvés isolés. Les gens allaient jusqu’à refuser de nous parler. Les autres enfants ne voulaient plus jouer avec mon fils. Notre vie était un cauchemar. Il m’était pratiquement impossible de gagner ma vie. Nous étions rejetés par la société tout entière », explique-t-elle.
Les femmes infectées ou affectées par le VIH font partie des individus les plus marginalisés au monde. Elles sont pauvres, exclues de la société et en mauvaise santé. Beaucoup sont dans l’incapacité de trouver un gagne-pain et de subvenir à leurs besoins quotidiens, ce qui les rend encore plus vulnérables.
Obtenir l’indépendance économique
Mais des femmes comme Usima reçoivent un coup de pouce pour améliorer leur bien-être économique grâce à un programme mis en place par ONUSIDA et une ONG du Bangladesh, la Société Ashar Alo (AAS), et financé par le Fonds pour la réalisation des OMD (F-OMD).
Les rapports sur l’indice de stigmatisation liée au VIH établis par ONUSIDA montrent que les personnes vivant avec le VIH et les populations le plus à risque sont victimes de niveaux très élevés de violence, de stigmatisation et de discrimination. Une étude de 2011 montre que plus de la moitié des femmes vivant avec le VIH au Bangladesh s’est trouvée stigmatisée par des amis ou des voisins ; 87 pour cent ont décidé de ne pas se marier à cause de leur statut VIH et près du cinquième ont des pensées suicidaires.
Le fait d’être économiquement dépendantes de leur mari rend les femmes plus vulnérables. Des études ont montré que si on renforce leur indépendance économique en leur procurant des activités génératrices de revenus, on peut accroître leur bien-être, car il y a une relation directe entre l’amélioration de leur condition économique et une réduction de la violence.
L’initiative d’ONUSIDA au Bangladesh a estimé que l’élevage et la production artisanale étaient les activités génératrices de revenus les plus faisables pour les femmes affectées par le VIH et elle a organisé des formations à Dhaka, Chittagong et Sylhet pour leur permettre d’acquérir des compétences en matière de gestion et d’entrepreneuriat. Une fois leur formation terminée, les participantes ont chacune reçu une subvention de 10 000 BDT (environ 128 dollars EU) pour lancer leur petite entreprise.
Après avoir assisté à une formation de l’IGA, Usima s’est lancée dans l’élevage de poules et de cochons. Ce travail lui procure des revenus réguliers, améliore sa santé nutritionnelle et celle de son fils ainsi que son statut social.
« Après avoir bénéficié du soutien du programme conjoint par l’intermédiaire de la Société Ashar Alo (AAS), et grâce au traitement et au suivi psychosocial que je reçois, les choses ont changé – surtout après avoir suivi la formation et obtenu une subvention pour mon élevage de cochons et de poules. Maintenant, je gagne plus et ma position au sein de la famille et de la société a changé du tout au tout », dit-elle.
Combattre la stigmatisation et la violence sexiste
L’initiative a été lancée dans le cadre du Programme conjoint des Nations Unies pour la lutte contre les violences faites aux femmes au Bangladesh. Il collabore avec les instances gouvernementales pour améliorer les politiques, modifier les comportements des femmes comme des hommes, fournir des soins et permettre la réinsertion des victimes de violences sexistes et lutter contre la vulnérabilité des femmes face au VIH/sida.
L’ONUSIDA a travaillé avec différents groupes de population pour lutter contre la violence à l’égard des femmes dans le contexte du VIH/sida, notamment avec des groupes d’entraide comme l’AAS, les médias, les secteurs culturel et sportif, le monde universitaire et les parlementaires.
Pour Usima, l’initiative a non seulement été une expérience transformatrice au plan personnel, mais elle lui a aussi permis de devenir un modèle à suivre pour d’autres.
« J’essaie sans arrêt de faire connaître [le programme conjoint] à d’autres personnes vivant avec le VIH, afin de faciliter leur survie. À l’AAS, je me suis fait des amis qui m’ont permis de m’épanouir socialement. … À présent, je suis en mesure de donner des conseils à d’autres, grâce à la formation que j’ai reçue à l’AAS. »
Autonomiser les femmes dans le monde entier
Le Programme conjoint des Nations Unies pour la lutte contre les violences faites aux femmes au Bangladesh, qui est une collaboration entre le gouvernement et neuf agences onusiennes (PNUD, OIT, FNUAP, OMS, ONUSIDA, ONU-Femmes, UNESCO, UNICEF, OIM) a pour but d’appuyer l’effort mondial pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier l’OMD 3, qui vise à accroître l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.
Le F-OMD a appuyé 130 programmes dans 50 pays différents pour faire avancer les OMD.