Le programme du F-OMD pour la justice en Guinée-Bissau aide une jeune fille à éviter le mariage infantile

 

Luisa SAMBU, 17 ans, se souvient du jour en novembre dernier lorsque des membres de sa famille ont fait irruption chez elle en Guinée-Bissau occidentale et ont essayé de la forcer à épouser un homme beaucoup plus âgé, quelqu’un qui avait déjà une femme et deux enfants, l’un d’entre eux presque de l’âge de Luisa.

« Mes oncles sont venus avec cinq personnes pour me prendre de force, mais j’ai réussi à m’échapper », relate Luisa, orpheline depuis l’âge de 13 ans et vivant avec une dame qui prend soin d’elle en échange du travail de maison. L’histoire de la jeune fille se répète quotidiennement à travers la Guinée-Bissau, où un quart des femmes se marie avant l’âge de 18 ans.

Luisa a pu éviter le même sort avec l’aide du Centre d’accès à la justice (CAJ) situé à proximité, un des quatre centres récemment établis avec le soutien du Fonds pour la réalisation des OMD permettant aux habitants, en particulier aux populations vulnérables comme les femmes et les pauvres de Guinée-Bissau, d’avoir un meilleur accès aux services juridiques.

« Je suis allée demander de l’aide parce que je ne veux pas me marier », explique Luisa, qui dit vouloir continuer ses études et décider d’elle-même quand et avec qui se marier ». « On m’avait dit que le CAJ apportait un soutien aux enfants et aux femmes victimes de violence et que si j’avais besoin d’aide, et qu’il y avait des juristes qui pouvaient m’aider. »

Depuis l’ouverture en septembre 2011, les CAJ ont traité plus de 800 affaires, offrant des conseils juridiques et des services de médiation et de conciliation gratuits. Ils ont également conduit des sessions de sensibilisation auprès de plus de 5 000 citoyens sur des thèmes comme les droits des enfants, les droits des femmes, les détentions illégales et l’égalité hommes-femmes.

Le projet d’accès à la justice est une composante du programme du F-OMD pour le renforcement de la réforme du secteur de la sécurité et de la justice, une collaboration entre le gouvernement et quatre agences des Nations Unies ayant pour objectif de soutenir à la fois la confiance des gens et l’utilisation des institutions du secteur judiciaire formel. Il a été lancé suite à de larges études et consuItations auprès des populations locales, et fait partie de l’objectif plus large du F-OMD d’aider les pays à réaliser les objectifs du millénaire pour le développement en vue de réduire la pauvreté, en se concentrant sur les populations marginalisées et exclues.

La Guinée-Bissau est l’un des pays les plus pauvres au monde. Guerre civile, coups d’état répétés, assassinats et une longue période d’agitation ont créé une profonde instabilité politique et des institutions extrêmement fragiles. En plus d’améliorer l’accès à la justice et d’apporter des formations aux acteurs du secteur juridique, le but du Programme conjoint est de soutenir la sécurité et l’application de la loi, ainsi que d’impulser une réforme législative pour protéger les droits du citoyen.

Actuellement, les tribunaux de Guinée-Bissau fonctionnent sporadiquement et de façon inefficace. Les personnes, particulièrement en zones rurales, ont un accès limité au système de justice formel, y compris aux conseils et à la représentation juridique. Les femmes, qui sont vulnérables à une violence sexuelle et sexiste, rencontrent particulièrement plus de difficultés à accéder à la justice. En conséquence, les contentieux sont la plupart du temps résolus par des mécanismes traditionnels et coutumiers, c’est surtout le cas pour les questions foncières, d’héritage ou familiales.

Emilio Abdul Kalil s’est adressé au Centre d’accès à la justice pour une question relative à un terrain qui depuis 80 ans appartenait à sa famille et était soudainement occupé, avec l’approbation d’un administrateur local affirmant que le terrain était propriété d’état.

« Un groupe de personnes se sont emparés de mon terrain et de l’espace de ma maison, » explique Emilio, 62 ans, qui affirme que l’administrateur local lui interdisait de construire sur sa propre propriété. Après deux années d’efforts, Emilio a fait appel au CAJ pour l’aider à résoudre la situation.

« Les conseillers juridiques sont allés rencontrer l’administrateur local et lui ont montré les documents prouvant que le terrain était légalement le mien. Ils lui ont vivement recommandé de respecter la loi, » dit Emilio. Suite à cela, l’administrateur a été forcé de partir en décembre. « Ce projet de CAJ est très bénéfique et très utile pour la population de Guinée-Bissau, une population qui est largement trompée et privée du recours à la justice. »

Dans l’affaire Luisa Sambu, les conseillers juridiques du CAJ ont discuté avec la famille de la jeune femme, qui a depuis abandonné l’idée de la marier. Bien que ses oncles lui avaient dit que si elle refusait de se marier, « çà irait mal pour elle dans la vie » , elle déclare aujourd’hui être heureuse de leur avoir tenu tête.
« Même si cela va mal, je ne veux pas me marier, et je me sens plus forte avec le soutien du centre, » dit-elle.

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