Trouver une solution au problème des inégalités – un élément essentiel pour mieux atteindre les objectifs en matière de lutte contre la pauvreté dans le monde

 

New York, 14 septembre 2010 – Un nouveau rapport publié par l’IDS (Institut des études du développement) et le Fonds pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (F-OMD) soutient qu’en dépit des gains significatifs acquis dans le cadre de la réalisation des OMD, les mesures utilisées pour calculer la performance des pays ne reflètent pas une image fidèle des inégalités considérables qui existent sur le chemin de la réalisation de ces objectifs.

Ce rapport, "Can the MDGs provide a pathway to Social Justice: The Challenge of Intersecting Inequalities" [Les OMD peuvent-ils ouvrir la voie à la justice sociale : le défi posé par les inégalités qui s’entrecroisent] démontre, à partir d’exemples pris en Asie du Sud et du Sud-Est, en Afrique Subsaharienne et en Amérique latine, que, de façon générale, les individus sont systématiquement écartés ou privés des avantages générés par le progrès, souvent sur la simple base de leur race, ethnicité, religion, genre voire leur lieu d’habitation.

Télécharger le rapport intégral

Ce rapport rappelle à la communauté internationale que les objectifs du Millénaire pour le développement tirent leur origine de la Déclaration du Millénaire, signée en 2000 par 189 dirigeants mondiaux, qui établit un calendrier pour la justice sociale incorporant les valeurs fondamentales de liberté, d’égalité, de tolérance et de solidarité. Le fait que les efforts pour atteindre les OMD ne s’attaquent pas aux causes profondes de la pauvreté et de l’exclusion sociale trahit la promesse de justice sociale contenue dans la Déclaration du Millénaire.

L’auteur de ce rapport, Naila Kabeer, professeur à l’IDS, affirme : "Les dirigeants mondiaux doivent intégrer une formule de réalisation de cet objectif au sein d’un processus beaucoup plus démocratique et inclusif. Nous devons abandonner l’idée selon laquelle les objectifs ne représentent qu’une solution technique et revenir à l’idée que ces objectifs ont pour dessein d’initier des processus de changement dans le bien-être des individus et leu capacité à contrôler leur vie."

Le rapport a également constaté que, même si la résolution des inégalités est difficile en raison de leur caractère interdépendant, un changement est possible grâce à la mise en place de solides politiques gouvernementales répondant aux besoins des individus alliées à une société civile active et organisée.

Par exemple, dans l’État mexicain de Chiapas, dont la population est majoritairement indigène, le taux de mortalité maternelle a chuté en passant de 90 sur 100 000 naissances vivantes en 2008 à 60 en 2009, lorsque le gouvernement a commencé à œuvrer directement avec les sages-femmes de la communauté indigène et à élargir les services de santé maternelle aux communautés isolées en tenant compte des sensibilités culturelles.

En Malaisie, l’adoption de quotas, d’objectifs et d’actions constructives en faveur de la communauté économiquement désavantagée de Bumiputera a contribué à un déclin significatif de leur situation désavantageuse vis-à-vis de la minorité chinoise privilégiée. Bien que les inégalités persistent, leur niveau a baissé sur l’indice des inégalités (Gini) en passant de 49 en 1984 à 38 en 2004.

En Asie, une région considérée comme étant en bonne voie de réaliser les OMD, la croissance économique n’a pas été accompagnée d’un accès équitable aux opportunités pour les populations les plus vulnérables. Au Népal, par exemple, le déclin global du taux de pauvreté entre 1995 et 2003 était de 46 pour cent pour les castes supérieures des Brahmanes et Chhetris, alors qu’il n’était que de dix pour cent pour les Janajatis et de six pour cent pour les Musulmans. Au Vietnam, 45 pour cent des minorités ethniques n’ont pas terminé leurs études, chiffre qu’il faut comparer aux 22 pour cent des groupes ethniques majoritaires chinois et Kinh.

En Amérique latine, l’extrême pauvreté est beaucoup plus répandue chez les populations indigènes et de descendance africaine que parmi la population Latino/de race blanche, alors que les pauvres de la région ne perçoivent que trois pour cent du revenu régional total. Les communautés indigènes représentent plus de 25 pour cent de la population en Bolivie, au Guatemala, au Pérou et en Équateur et la population de descendance africaine est supérieure à 25 pour cent au Panama, au Brésil et au Nicaragua. En Afrique, les niveaux de pauvreté et l’accès aux services et aux opportunités dépendent encore fortement de la situation ethnique et géographique. Au Nigéria, seuls 8,4 pour cent des mères de la région nord-ouest à prédominance musulmane ont accouché dans une structure sanitaire, comparé à 73,9 pour cent dans la région sud-est majoritairement chrétienne.

Le rapport constate aussi que les femmes et les filles sont confrontées à un contexte de discrimination beaucoup plus grand. Par exemple, une femme indigène pauvre âgée de 17 à 22 ans au Guatemala compte 1,2 année d’éducation par comparaison à la moyenne nationale qui est presque de 6 ans.

Alors que les dirigeants du monde entier s'apprêtent à se rassembler la semaine prochaine à New York, dans le cadre de la Réunion plénière de haut niveau sur les OMD, ce rapport envoie le message clair que, pour faire davantage de progrès dans le domaine des OMD et pour résoudre les causes profondes de l’instabilité et de l’insécurité, la question de l’égalité devra figurer en bonne place dans les efforts pour le développement.

Share |